Les ghettos

Judith Levitan

Judith Levitan se rappelle les conditions et les rafles dans le ghetto de Kovno.

Source : Sarah and Neuberger Holocaust Education Center, 1988 ; montage: Musée de l’Holocauste Montréal, 2021.

Judith Levitan est née en 1926 à Vidukle (en Lituanie). Avant la guerre, la famille s’installe dans la capitale, Kaunas. Gedalia, le père de Judith, est tailleur et travaille à domicile. Sa mère Maita s’occupe de Judith et de ses quatre sœurs. La famille est religieuse ; ils sont cachère, vont à la synagogue tous les vendredis et observent le Shabbat. Les filles vont toutes à l’école juive avant la guerre.

L’Allemagne occupe la Lituanie en juin 1941. Avant la création du ghetto, les Allemands font le tour des maisons juives et prennent tout l’argent, les bijoux, les fourrures. Ils viennent chez la famille de Judith aussi et emportent tous les matériaux que son père utilise pour fabriquer des vêtements.

Les Allemands installent le ghetto dans le quartier de Slobodka en juillet. Judith et sa famille habitent le quartier et peuvent ainsi rester dans leur maison, mais plusieurs personnes sont mises dans leur appartement. Les conditions dans le ghetto sont précaires. Le ghetto est surpeuplé, il y a très peu de nourriture et les Allemands organisent régulièrement des Aktions (rafles).

La famille de Judith réussit à rester ensemble jusqu’à leur déportation au camp de concentration de Klooga (en Estonie), à l’automne 1943. Les hommes et les femmes sont séparés à leur arrivée dans le camp et la famille n’a plus de nouvelles du père de Judith jusqu’à ce qu’il soit amené au camp au milieu de 1944. Judith, ses sœurs et leur mère font un dur travail physique, elles doivent fabriquer des blocs de béton, couper des arbres et fabriquer des planches pour les casernes des soldats au front.

À l’été 1944, alors que l’armée soviétique approche, les Allemands commencent à évacuer le camp. Judith, ses sœurs et leur mère sont envoyées vers l’ouest par la mer jusqu’au camp de concentration de Stutthof (en Pologne occupée). Gedalia reste à Klooga et il est abattu avec les prisonniers restants quand les Nazis liquident le camp en septembre.

À Stutthof, la famille est séparée et seules Judith et sa sœur Hannah restent ensemble. Leur mère et deux de leurs sœurs sont tuées et elles n’apprennent qu’après la guerre qu’une de leurs sœurs a survécu. Judith et Hannah sont transférées au camp de concentration de Russenschin, un sous-camp de Stutthof près de Gdansk, en Pologne occupée. Le camp est évacué en janvier 1945 et les détenus sont contraints à participer à une marche de la mort vers l’ouest de l’Allemagne.

Quand le ghetto a été surpeuplé, ils ont organisé une « Aktion » et ils ont pris 10 000 personnes et ils les ont assassinées en une nuit.
Judith Levitan

Judith et Hannah sont libérées par l’armée soviétique près de Lauenburg en Allemagne. Après quelques mois, elles retournent à Kaunas et apprennent qu’à l’exception de leur sœur Mary, tous les membres de leur famille ont été tués.

Judith part pour Vilnius en Lituanie, où elle rencontre son futur mari qui travaille comme gérant d’une société de distribution de gaz. Ils se marient en janvier 1946, trois semaines après leur première rencontre. Le couple quitte Vilnius en juin 1946 et leur premier enfant est né dans un camp de personnes déplacées en Allemagne.

Ils vivent dans plusieurs camps de personnes déplacées en Allemagne et en Autriche jusqu’à leur immigration au Canada en 1952. Ils s’installent à Toronto et y construisent une nouvelle vie. Judith a trois enfants et plusieurs petits-enfants.

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