Enseigner l’histoire de l’Holocauste peut être un grand moment dans le programme d’une année scolaire. En vous préparant adéquatement et en connaissant les besoins pédagogiques de vos élèves, vous pouvez obtenir de très bons résultats. Nous vous proposons une méthode tirée des meilleures pratiques et des conseils d’experts internationaux sur le sujet. Certains sont adaptés des sites Internet de la International Holocaust Remembrance Alliance et du USHMM.

Enfants survivants à la libération du camp de concentration du Buchenwald. Avril 1945

1. Définissez le terme Holocauste.

L’Holocauste (aussi appelé Shoah) est la persécution et l’assassinat systématique de 6 millions de Juifs, organisé par l’État nazi et ses collaborateurs de 1933 à 1945.

En plus de commettre le génocide des Juifs, les nazis ont commis le génocide des Roms et des Sinti. Ils ont aussi persécuté d’autres groupes tels que les handicapés (programme T4), les homosexuels, les peuples slaves, les opposants politiques et les témoins de Jéhovah.

Pour en savoir plus, visitez notre page Histoire de l’Holocauste.

2. Utilisez des témoignages pour personnaliser l’histoire en traduisant des statistiques en histoires personnelles.

Appuyez-vous sur des études de cas, des témoignages de survivants, des lettres et journaux intimes de l’époque pour donner corps à l’expérience humaine. Ainsi, les élèves comprendront que derrière chaque « chiffre » se cache une personne bien réelle qui a eu une vie avant l’Holocauste. Revenez constamment sur la nécessité de respecter la dignité des victimes.

Mettre l’emphase sur l’histoire telle qu’elle a été vécue par des individus, avec leurs dilemmes et les choix qu’ils ont dû faire, permet à l’enseignant de rendre l’histoire de l’Holocauste plus proche et intéressante pour les jeunes et de leur faire comprendre les liens entre l’histoire et leur vie actuelle.

Ressources en lien: Conseils pour enseigner avec les témoignages de survivantsEnseigner avec des sources primaires en classe d’histoire, Fiche d’analyse d’un témoignage,  Fiche d’analyse d’un artefact, Les mémoires de survivants de l’Holocauste de la Fondation Azrieli, Les outils pédagogiques la Valise d’Hana et le Cœur d’Auschwitz.

3. Replacez les événements dans leur contexte historique.

Il est important d’étudier l’Holocauste dans son contexte européen et mondial afin de montrer aux élèves ce qui l’a précédé et les circonstances qui l’ont rendu possible.

Ressources en lien: Histoire de l’Holocauste et Brève histoire de l’antisémitisme au Canada

Cliquez sur la carte ci-dessous pour accéder à la carte interactive présentant les invasions nazies et leurs conséquences pour les populations juives partout en Europe.
Carte interactive de l'Holocauste - Guerre, persécutions et massacres

4. Utilisez une terminologie précise, et incitez vos élèves à faire de même.

De nombreux mythes circulent sur l’Holocauste, et vos élèves l’abordent peut-être avec un certain nombre d’idées préconçues qu’un vocabulaire ambigu peut contribuer à perpétuer.

Évitez le langage des bourreaux car il reflète leurs idées. Par exemple, au lieu de «  camps d’extermination », utilisez des mots tels que « camps de mise à mort » ou « centres de mise à mort ».

Ressource en lien: Glossaire de Brève histoire de l’Holocauste

5. Faites bien la distinction entre l’histoire de la Shoah et les leçons à en tirer.

Cette distinction est importante. Car on court le risque de fausser la démarche historique en la simplifiant à l’extrême ou en l’infléchissant vers telle ou telle conclusion morale que l’enseignant souhaiterait transmettre à ses élèves.

Étudier l’histoire de l’Holocauste peut sensibiliser les jeunes aux préjugés ou aux injustices actuelles. Cependant, les leçons morales ne seront fondées que si elles s’appuient sur une lecture précise et objective des données historiques.

Appliquer la méthode historique permettra aux élèves de mieux saisir la complexité du monde dans lequel les personnes du passé ont dû faire des choix et prendre des décisions. Les élèves devraient étudier, dans leur contexte, les dilemmes auxquels ont dû faire face ces individus. Seulement là, peut-être que les actions (et inactions) de ces personnes pourront être comprises. De là seulement, pourrons nous peut-être tirer des leçons utiles du passé.

6. Évitez les réponses simples à des questions historiques complexes.

L’histoire de l’Holocauste soulève des questions difficiles concernant les comportements humains et le contexte dans lequel des décisions individuelles sont prises. Faites attention à ne pas simplifier l’histoire et essayez plutôt d’en faire comprendre les nuances. Permettez à vos élèves de réfléchir aux nombreux facteurs et événements qui ont contribués à l’Holocauste et ont souvent rendu difficile et incertaine la prise de décision.

7. Offrez à vos élèves l’accès à des sources historiques primaires.

Offrez aux élèves la possibilité de procéder à l’analyse critique de sources originales et de se rendre compte que l’analyse, l’interprétation et le jugement doivent se fonder sur une lecture soigneuse des traces historiques.

Ressources en lien: Conseils pour enseigner avec les témoignages de survivantsEnseigner avec des sources primaires en classe d’histoire, Fiche d’analyse d’un témoignage,  Fiche d’analyse d’un artefact, les mémoires de survivants de l’Holocauste de la Fondation Azrieli, les outils pédagogiques la Valise d’Hana et le Cœur d’Auschwitz.

8. Choisissez du contenu écrit et visuel approprié, n’utilisez pas d’images choquantes pour motiver vos élèves à étudier l’Holocauste.

Il est tout à fait possible d’enseigner l’Holocauste sans montrer de photos d’amas de cadavres nus. Une utilisation abusive de ce genre de matériel s’avère souvent contre-productive. Témoigner du respect à l’égard des victimes de l’Holocauste et de ceux qui vous écoutent en classe requiert une approche pleine de tact et une réflexion approfondie sur ce qui doit constituer le matériel approprié.

Prisonniers néerlandais au camp de concentration de Buchenwald, 28 février 1941. Cette photo illustre aussi bien la déshumanisation des prisonniers qu’une montagne de cadavres : ils ont tous la tête rasée, portent tous le même uniforme et ils restent tous en rangée pendant des heures.

Ci-dessus : Prisonniers néerlandais au camp de concentration de Buchenwald, 28 février 1941. Cette photo illustre la déshumanisation des prisonniers qui ont tous la tête rasée, portent le même uniforme et sont forcés à rester debout pendant des heures.

9. Évitez de comparer les souffrances des différents groupes.

L’enseignement de l’histoire de l’Holocauste devrait toujours aborder les différentes politiques menées par le régime nazi envers différents groupes. Cependant, ces distinctions ne doivent pas être présentées comme une base de comparaison du niveau de souffrance de ces groupes. On ne peut pas présumer que l’horreur vécue par un individu, une famille, ou une communauté persécutée par les nazis était plus importante que celle vécue par les victimes d’autres génocides. Évitez les généralisations qui suggèrent l’exclusivité comme «Les victimes de l’Holocauste ont souffert de la pire cruauté jamais infligée à un peuple dans l’histoire de l’humanité. »

10. Montrez que l’Holocauste n’était pas inévitable.

Le simple fait qu’un événement historique a eu lieu et qu’il figure dans les manuels scolaires et les films ne signifie pas que cet événement devait forcément se produire. L’Holocauste a eu lieu parce que des individus, des groupes et des nations ont pris des décisions, d’agir ou de ne pas agir. Mettre l’accent sur ces décisions offrira une meilleure vision de l’histoire et de la nature humaine et aidera vos étudiants à développer leur esprit critique.

Ressources en lien: Enquête dans les archives, Holocauste, génocide au Cambodge et intervention du Canada, Ensemble contre le génocide : comprendre, questionner, prévenir

Cliquez sur la photo ci-dessous pour accéder à une ligne du temps interactive.Holocauste - Réaction du monde : Peu de gestes

11. Évitez les simulations susceptibles de pousser vos élèves à s’identifier avec les bourreaux ou les victimes.

Les simulations sont pédagogiquement malsaines parce qu’elles banalisent l’expérience des victimes et déconnectent l’Holocauste de son contexte historique. Les simulations peuvent également faire croire aux élèves qu’ils savent réellement ce que c’était que de vivre l’Holocauste. Enfin, les simulations simplifient la nature complexe de l’Holocauste et du comportement humain, créant un obstacle au développement de la pensée critique et de la pensée historique.

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