La vie religieuse

Pinchas Gutter

Pinchas Gutter rappelle son éducation dans le cheder.

Source : Neuberger Holocaust Education Centre, 1993; montage : Musée de l’Holocauste Montréal, 2022.

Pinchas Gutter et sa sœur jumelle Sabina sont nés dans une famille hassidique en 1932 à Łódź (en Pologne). La famille de leurs parents sont des disciples du Gerer Rebbe. Les Gerer Hasidim étaient l’un des groupes hassidiques les plus importants de la Pologne d’avant-guerre.

L’hassidisme est un courant au sein du judaïsme orthodoxe qui est né d’un judaïsme à orientation mystique du XVIIIe siècle. Les Juifs hassidiques un chef dynastique, appelé le « Rebbe », et s’habillent et prient comme leurs ancêtres le faisaient il y a deux siècles.

Le grand-père et le père de Pinchas sont vignerons et dirigent l’entreprise familiale. La famille est l’une des deux familles juives de Pologne à détenir une concession de vin de l’État.

Le père de Pinchas, Menachem Mendel, passe son temps libre à étudier la religion et la culture juives. Sa mère, Helena, est plus laïque, même si elle met toujours une perruque lorsqu’elle sort de la maison (une coutume hassidique pour maintenir la modestie). Elle lit des livres laïques et elle va au cinéma, ce qui est rare chez les Juifs hassidiques.

Pinchas a deux ans et demi lorsqu’il commence le cheder (l’école primaire juive traditionnelle) où les garçons apprennent à lire la Torah et d’autres textes religieux en hébreu. Pinchas ne recevra que deux ans d’éducation laïque avant la guerre et n’aura jamais l’occasion de retourner à l’école par la suite.

Lorsque la guerre éclate, la famille s’enfuit à Varsovie (en Pologne) et trouve un petit appartement dans un immeuble partiellement bombardé, dans ce qui devient le ghetto de Varsovie à la fin de 1940. Pour joindre les deux bouts dans le ghetto, le père de Pinchas fabrique du vin. Plus tard, il installe une petite confiserie et sa mère confectionne des petits pains que Pinchas vend.

En mai 1943, lors d’une rafle, Pinchas et sa famille sont dénoncés alors qu’ils se cachent dans un bunker sous le bâtiment qu’ils habitent. La famille sera ainsi déportée au camp de concentration de Majdanek, en Pologne occupée. À leur arrivée, Pinchas est séparé de sa famille tandis que ses parents et sa sœur sont gazés sur-le-champ. Dans plusieurs camps de concentration, Pinchas effectue du travail forcé pour l’entreprise allemande HASAG, notamment à Skarżysko-Kamienna (en Pologne occupée), dans l’aciérie de Raków à Czestochowa (en Pologne occupée) et enfin à Colditz, un camp subsidiaire de Buchenwald, en Allemagne. Lorsque ce camp est liquidé en avril 1945, les prisonniers doivent prendre part à une marche de la mort vers le camp-ghetto de Theresienstadt, en République tchèque. Pinchas y sera libéré par l’armée soviétique en mai 1945.

J'ai commencé mes études à l'âge de deux ans et demi. Mon grand-père m'a emmené au cheder.
Pinchas Gutter

Après la guerre, Pinchas est envoyé en Angleterre par l’Administration des Nations Unies pour les secours et la reconstruction (UNRRA). Pinchas étudie dans une yeshiva pendant quelques mois, puis se trouve un emploi. En 1948, il s’installe à Paris, où son seul cousin survivant vit avec sa famille. À ses 18 ans, Pinchas quitte pour l’Israël et rejoint l’armée. Il passe trois ans dans les forces armées, puis travaille à Yad Vashem jusqu’en 1956. Pinchas rencontre sa femme en Israël puis la suit en Angleterre, lorsqu’elle y déménage pour poursuivre ses études. Les deux se marient en Angleterre puis partent pour en Afrique du Sud en 1959, le pays d’origine de sa femme. Enfin, les deux immigrent au Canada en 1985.

Découvrez un extrait du témoignage d’Aba Beer sur la vie avant la guerre dans sa ville natale, en Pologne, sur la chaîne YouTube du Musée de l’Holocauste Montréal..

Objet relié

Un morceau du rouleau de la Torah de Mauricy Kopelman

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