Le travail forcé

Arthur Schwartz

Arthur Schwartz parle de son expérience dans un bataillon de travail forcé de l’armée hongroise.

Source : Musée de l’Holocauste Montréal, 1994

Arthur Schwartz est né en 1923 à Kosice (en Slovaquie). Il grandit dans une famille juive orthodoxe de classe ouvrière. Il a un frère et deux sœurs plus jeunes que lui. Son père travaille comme vendeur de bois de chauffage et de charbon de bois.

Après l’annexion de Kosice à la Hongrie en 1938, des lois restreignant considérablement les droits des Juifs sont promulguées. Au début de l’année 1944, Arthur est enrôlé dans un bataillon de travail forcé de l’armée hongroise. Les conscrits creusent des fossés et réparent les routes. L’armée allemande envahit la Hongrie en mars 1944. Un mois plus tard, les Juifs de Kosice, dont Arthur et sa famille, sont forcés de s’installer dans le ghetto de la ville.

La déportation des Juifs de Kosice et des environs commence en mai 1944. Les parents d’Arthur, ainsi que ses sœurs et son frère sont emmenés du ghetto dans une briqueterie en périphérie de la ville. C’est là qu’Arthur voit ses parents pour la dernière fois alors qu’il les remarque derrière une clôture de barbelés. Le bataillon de travail forcé d’Arthur est mis au travail à la gare de Kosice. Pendant trois semaines, il est témoin de la déportation de milliers de Juifs dans des wagons à bestiaux bondés.

Pendant l’hiver, qui est extrêmement rude, Arthur et son unité creusent des tranchées à l’extérieur. À l’approche de l’armée soviétique, les prisonniers sont contraints de prendre part à une marche de la mort de Kosice à la frontière autrichienne. Ils marchent sans bottes ni vêtements adéquats. Arthur perd quelques orteils, ses pieds ayant été atteints de graves gelures. En raison des terribles conditions dans lesquelles ils sont forcés de marcher, la plupart des 300 jeunes hommes du bataillon d’Arthur meurent de faim ou de maladies infectieuses. Leur unité est libérée par l’armée soviétique en avril 1945 à Sopron (en Hongrie).

Je suis parti pour le camp de travail forcé. […] Ils nous ont mis dans une étable, où la paille était sale et pleine de poux.

Une fois de retour à Budapest (en Hongrie), la cousine d’Arthur le retrouve et le conduit à l’hôpital. Elle lui apprend que ses deux sœurs ont survécu, mais son frère, ses parents et sa grand-mère ont été assassinés à Auschwitz (en Pologne occupée).

Arthur reste à Budapest pendant quelques années. Il subvient à ses besoins en occupant des petits emplois et en vendant des cigarettes sur le marché noir. Il retourne en Slovaquie en 1946.

Au début de l’année 1948, Arthur entend parler du Projet des orphelins de guerre. Dans le cadre de ce projet, le Congrès juif canadien offre de parrainer l’immigration de 1000 orphelins de guerre de moins de 18 ans. Arthur a alors déjà 24 ans. Son beau-frère, qui était imprimeur, obtient le certificat de naissance d’un garçon qui est mort pendant l’Holocauste. Il imprime à partir de celui-ci un faux document donnant à Arthur un âge qui lui permet de soumettre sa candidature au Projet des orphelins de guerre.

Arthur arrive au Canada en 1948 et s’installe à Montréal. Il trouve d’abord du travail dans une manufacture de valises, puis comme tailleur de robes dans une usine de vêtements. Il se marie en 1957. Sa famille se compose aujourd’hui de deux enfants et de trois petits-enfants.

Pendant de nombreuses années, Arthur a été conférencier bénévole au Musée de l’Holocauste à Montréal, partageant son histoire avec des milliers d’étudiants juifs et non-juifs.

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