Cette lettre recto-verso extraite d’une correspondance en polonais sur papier quadrillé provient du camp de concentration de Waldenburg en Pologne. Henry Majerczyk l’a écrite le 20 janvier 1945 pour Eva Majerczyk, née Parzenczewska. Sur le papier de la lettre, d’autres prisonniers ont également laissé un message. Certains sont écrits en violet et d’autres en bleu. Henry y exprime notamment sa préoccupation quant aux rumeurs de la déportation des femmes du camp de Ludwigsdorf.
Le parcours d’Eva Majerczyk : de ghettos en camps de concentration
Après l’invasion de la Pologne en 1939, Eva et sa sœur ainée Ruth fuient leur ville natale, Lodz, sans leur famille. Elles arrivent dans le ghetto de Varsovie en 1940 et s’enfuient grâce à un contrebandier engagé par leur oncle en 1941. Suite à cela, les deux sœurs sont déportées à Klettendorf, un camp de travail forcé en Pologne. Là-bas, Eva travaille dans les cuisines et à cette occasion elle rencontre Henry avec qui elle établit une relation. En 1944, Eva et sa sœur sont de nouveau déportées vers le camp de concentration pour femmes de Ludwigsdorf. Henry est quant à lui envoyé à Waldenburg, qui se situe à 30 kilomètres de là.
Une lettre clandestine du camp de Waldenburg à celui de Ludwigsdorf
Alors qu’elle se trouve au camp de Ludwigsdorf en Pologne, Eva reçoit une lettre d’Henry. Cet envoi a été rendu possible par le concours d’ouvriers non-juifs qui ont effectué la transmission. Dès le début de 1945, la défaite de l’Allemagne nazie contre les forces alliées commence à se profiler. Lorsqu’Eva est libérée par les forces soviétiques le 8 mai 1945, elle part rejoindre Henry à Waldenburg. Ils se marient le 17 juin suivant et auront trois enfants. Eva et sa famille immigrent à Montréal en 1953 afin de rejoindre Ruth, qui a également survécu à l’Holocauste.
Eva Majerczyk a fait don de la lettre au Musée de l’Holocauste Montréal en 2018.