Ces cartes, très précieuses, font partie des six cartes et d’autres biens qui ont été confisqués à Adèle Eisenschiml par les nazis en 1938. Il s’agit de trois cartes lithographiées de la Bavière, de l’Autriche et de la Moravie, publiées par Johann Johann Baptist Homann (1664-1724) au 18e siècle. Homann était reconnu pour son style artistique distingué aux couleurs vives et ses cartouches allégoriques.
L’Anschluss
Dès 1933, des pressions sont exercées par l’Allemagne et les partisans nazis autrichiens pour unifier les deux nations. Cette annexion, appelée l’Anschluss, est une étape importante pour le gouvernement nazi, Elle permet de regrouper les populations allemandes et autrichiennes en un seul Reich sur la base du droit à l’autodétermination. La Wehrmacht, l’armée du troisième Reich, entre en Autriche le 12 mars 1938 et commence son annexion, enfreignant le traité de Versailles et celui de Saint-Germain. À la suite de cet événement, l’Autriche cesse d’exister en tant que nation indépendante jusqu’en 1945 et les démonstrations antisémites s’amplifient. En plus des humiliations publiques, des lois antisémites sont mises en place afin de restreindre le capital économique et social des communautés juives en territoire autrichien.
L’arrestation d’Adèle
En juillet 1938, Adèle embarque à bord de l’Arlberg Express à St-Anton, en direction de Paris, afin de rendre visite à son fils Georg. Elle est arrêtée à la frontière de Feldkirch par la Gestapo, qui l’accuse de détournement d’actifs. Adèle est détenue trois jours, pendant lesquels elle subit un interrogatoire par la Gestapo qui la stigmatise en raison de sa judaïcité. Six cartes anciennes, de l’argent et des bijoux, lui sont saisis à ce moment. Les cartes sont retenues à la cour de Feldkirch, puis quatre d’entre elles intègrent la collection des archives de Vorarlberg en 1992. En 2019, les descendants d’Adèle reçoivent quatre des six cartes à la suite d’une demande de restitution faite par Sheila Murphy, l’arrière-petite-fille d’Adèle Eisenschim. Cette action s’inscrit dans la résolution du gouvernement de Vorarlberg, passée en 2003, ayant pour but de restituer les victimes du parti nazi. Les deux cartes manquantes n’ont jamais intégré la collection des archives et n’ont jamais été retrouvées, soulignant ainsi l’une des conséquences de la spoliation.
Sheila Murphy a fait don de trois cartes anciennes au Musée de l’Holocauste Montréal en 2021.
Ce projet s’inscrit dans le cadre d’une subvention de la Claims Conference.