Cet article propose une approche pédagogique pour enseigner l’Holocauste à partir d’œuvres littéraires. L’auteure, Audrey Bélanger, est étudiante au doctorat en éducation à l’Université de Sherbrooke et chargée de cours. Ses travaux se spécialisent sur les récits de fiction évoquant l’Holocauste.

Pourquoi utiliser un roman pour enseigner l’Holocauste?

Lire une œuvre littéraire ancrée dans un univers historique permet aux élèves de développer leur compétences lectorales et leur pensée historienne. Ce genre de lecture les amène également à mieux comprendre l’Holocauste et à saisir que l’événement dépasse largement la simple reconnaissance d’un coupable, de dates ou de lieux. Pour cela, ils doivent avoir la possibilité d’expérimenter des activités adaptées en ce sens (Bélanger, 2018).

Des œuvres littéraires comme L’enfant de Noé  de Schmitt ou Otto, autobiographie d’un ours en peluche d’Ungerer recèlent un potentiel formateur pour amener les jeunes lecteurs à construire une intelligibilité du monde. Elles permettent également d’éveiller leur curiosité, leur sensibilité ou susciter chez eux une certaine incrédulité : le récit de fiction historique n’est pas tenu de respecter scrupuleusement les sources.

Une approche intégrée français/histoire

L’approche intégrée français/histoire que nous proposons comporte deux phases (découverte et analyse) et trois temps (mise en contexte, enquête, synthèse). Basée sur des activités flexibles autour d’un récit de fiction, elle mène les élèves à développer et à articuler le lire et le dire propres à chaque discipline, à chaque mode d’intelligibilité. Cette approche permet également d’établir des liens pertinents entre les disciplines convoquées. Elle est une manière de lire-dire un récit de fiction historique qui conduit les jeunes lecteurs à considérer les dimensions narratives, construites et interprétatives de l’histoire.

Schéma de l'approche littéraire d'Audrey BélangerPar une lecture littéraire et historienne d’un récit de fiction historique, les élèves vivent des expériences à la fois émotionnelles et cognitives qui les engagent dans un processus réflexif, itératif et empathique. Cette lecture peut aussi les amener à réfléchir sur la nature humaine et favoriser la rencontre avec soi, les autres et le monde. Ultimement, cette lecture les amène à considérer la dimension éthique d’actions ou d’inactions, à mieux comprendre et expliquer des affirmations telles que « je ne sais pas si une tragédie de cette ampleur [l’Holocauste] possède une réponse. Mais je sais qu’il y a réponse dans le mot responsabilité » (Wiesel, 1958/2007, 23).

 

Livres sur l’Holocauste pour les enfants et les adolescents :

  • Appelfeld, Aharon. (2019). Histoire de vie. Paris: Points.
  • Bornstein, Michael et Debbie Bornstein Holinstat. (2018). J’étais cet enfant : l’histoire vraie d’un jeune survivant…. Paris: Gallimard Jeunesses.
  • Boulet, Gwénaëlle. (2019). Les grandes grandes vacances T.1 : Drôle de guerre. Paris: BD Kids.
  • Boyne, John. (2016). Le garçon au sommet de la montagne. Paris: Gallimard Jeunesses.
  • Charlant, Jean-Pierre. (2006). L’été de 1939 avant l’orage. Montréal: Hurtubise.
  • Cohen-Janca, Irène. (2009). Les arbres pleurent aussi. Rodez: Rouergue.
  • Cohen-Scali, Sarah. (2015). Paris: Gallimard Jeunesses.
  • Croci, Pascal. (2000). Paris: Emmanuel Proust
  • De Bouchet, Paule. (2017). Mon amie, Sophie Scholl. Paris: Gallimard Jeunesses.
  • De Rosnay, Tatania. (2007). Elle s’appelait Sarah. Paris: LGF – Livre de Poche.
  • Gottesfeld, Jeff. (2016). L’arbre dans la cour. Par la lucarne d’Anne Frank. La Garenne-Colombes: Le Genévrier.
  • Grumberg, Jean-Claude. (2019). La plus précieuse des marchandises. Paris: Seuil.
  • Hautière, Régis, Francis Laboutique, Emmanuelle Polack, Pierre Wachs et Domnok. (2014). Femmes en résistance T.2 : Sophie Scholl. Tournai: Casterman.
  • Hoestlandt, Jo. (2011). Le bébé tombé du train. Paris: Oskar.
  • Hoestlandt, Jo. (2019). La grande peur sous les étoile. Paris: Syros.
  • Holden, Wendy. (2015). Naître et survivre : les bébés de Mauthausen. Paris: Presses de la cité.
  • Innocenti, Roberto et Christophe Gallaz. (2010). Rose Blanche. Montréal: Les 400 coups.
  • Leblanc, Carl. (2012). Artéfact. Montréal: XYZ.
  • Levi, Primo. (2003). Si c’est un homme. Paris: Robert Laffont
  • Lorrain, François-Guillaume. (2017). Le garçon qui courait. Pari : Sarbacane.
  • Marsha Forchuk, Skrypuch. (2010). Enfant volé. Markham: Scholastic.
  • Mourlevat, Jean-Claude. (2013). Sophie Scholl : « Non à la lâcheté ». Paris: Actes Sud Junior.
  • Norac, Cral. (2011). Au pays de la m`moire blanche. Paris: Sarbacane.
  • Rapaport, Gilles. (1999). Grand Père. Paris: Circonflexe.
  • Schaffer, Mary Ann et Annie Barrows. (2019). Le cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates. Paris: Retrouvée.
  • Taylor, Kressmann. (2012). Inconnu à cette adresse. Paris: J’ai lu.
  • Tsuchiya, Yukio et Bruce Roberts. (2011). Fidèles éléphants. Montréal : Les 400 coups.
  • Uhlman, Fred. (2005). L’ami retrouvé. Paris: Gallimard.
  • Vander Zee, Ruth. (2017). L’histoire d’Érika. Sherbrooke: D’eux.
  • Villeneuve, Anne. (2008). Chère Traudi. Montréal : Les 400 coups.

Bibliographie :

  • Bélanger, A. (2018). La lecture littéraire et la pensée historienne : une complémentarité qui favorise la compréhension et l’interprétation d’un roman historique évoquant l’Holocauste en classe de français au secondaire. Sherbrooke : Université de Sherbrooke.
  • Schmitt, E-M. (2004). L’enfant de Noé. Paris : Albin Michel.
  • Ungerer, T. (1999/2001). Autobiographie d’un ours en peluche. Paris : L’école des loisirs.
  • Wiesel, E. (1958/2007). La Nuit. France : Les éditions de Minuit.