Ce livre de recettes est composé de papiers roses et beiges récupérés dans l’usine où travaillait Edith Gluck. Ils sont reliés par une ficelle orange, également trouvée dans l’usine du camp. Près de 200 recettes sont écrites au crayon de plomb dans ce livret qu’Edith a caché au camp de Lippstadt, en Allemagne.
Edith Gluck fait partie d’un convoi de 530 femmes juives hongroises déportées du camp d’Auschwitz à celui de Lippstadt en juillet 1944. Elle est assignée aux travaux forcés 12 heures par jour dans l’usine de munition du camp où elle ne reçoit qu’une faible ration de nourriture. De retour à son baraquement, Edith prend tout de même le temps de rassembler dans un livret les recettes qu’elle aimait préparer avant la guerre. Elle demande également à ses codétenues de lui réciter leurs recettes préférées.
Un acte de résistance : consigner son héritage culturel
Edith Gluck cache son livre de recette dans le sol afin d’éviter qu’il soit découvert. Puisqu’il est rédigé en Hongrois, les gardes allemands auraient pu croire qu’il s’agissait d’un journal et la punir pour avoir consigné des informations. Ce geste témoigne cependant de la résistance morale et culturelle dont ont fait preuve ces femmes durant l’Holocauste. Des femmes qui, comme Edith, ont souhaité préserver leur héritage culturel et qui se sont efforcées de conserver leur humanité.
Pour moi, il représente le courage que ma mère a eu et à quel point il était important pour elle de conserver son héritage culturel.
Shirley Rosenfeld, fille d’Edith Gluck
Edith Gluck a fait don de son livre de recettes au Musée de l’Holocauste Montréal en 2010.
Ce projet s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre du Plan culturel numérique du Québec.