Le pommeau en bois de cette canne représente un visage avec des traits stéréotypés attribués aux Juifs. Cet élément de décoration sculpté inscrit la canne dans la catégorie des cannes dites d’opinion..
La popularisation des cannes antisémites pendant l’Affaire Dreyfus
Vers la fin du 19e siècle, un certain nombre d’objets ornementaux destinés à la classe aisée portent des traits antisémites et caricaturaux. En France, la canne a été un accessoire essentiel de la tenue vestimentaire masculine jusque dans les années 1930. Parmi les nombreuses catégories de cannes, se classent les cannes dites « d’opinion » ou dites « antidreyfusardes ». Elles représentent le plus souvent des figures d’hommes politiques ou de personnages populaires de manière caricaturale. La canne de Delores Rosen s’inscrit dans cette catégorie de cannes d’opinion. Ce style fait écho à l’Affaire Dreyfus qui débute en 1894 alors que le capitaine Alfred Dreyfus, un Juif d’Alsace, est injustement condamné par l’État français pour espionnage et livraison des documents secrets à l’Empire allemand. Le conflit éclate et divise les Français en deux camps: les partisans de l’innocence de Dreyfus, les « Dreyfusards », et leurs opposants les « Anti-Dreyfusards ».
L’antisémitisme avant la Seconde Guerre mondiale
Delores Rosen et son mari Harry ont acheté la canne à caractère antisémite chez un antiquaire à Montréal. Cet objet provient de France et date de la fin du 19e siècle. Elle arbore une tête sculptée avec des traits caricaturés à son pommeau, une manière d’humilier et de déshumaniser les communautés juives. Sa production démontre que l’intolérance et l’antisémitisme étaient bien présents avant que des lois racistes ne soient décrétées par le troisième Reich et par Vichy en France.
Delores Rosen a fait don de cette canne antisémite au Musée de l’Holocauste Montréal en 2021.
Ce projet s’inscrit dans le cadre d’une subvention de la Claims Conference.
