Durant la guerre de Bosnie-Herzégovine (1992-1995) les troupes serbes ont massacré les populations musulmanes à Srebrenica. Le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie des Nations Unies et la Cour international de Justice ont reconnu ce crime comme génocide.

Situation avant le génocide

La Yougoslavie

Entre 1945 et 1992, la Bosnie-Herzégovine fait partie de la République fédérative socialiste de Yougoslavie. Cinq autres républiques composent la Yougoslavie : La Serbie (qui inclut la région autonome du Kosovo), la Croatie, la Macédoine, le Monténégro et la Slovénie. Une dizaine de groupes ethniques cohabitent en Yougoslavie et chacun, à la mort du président Tito en 1980, exprime ses revendications.  C’est le cas notamment des Serbes dont le nationalisme sera encouragé par Slobodan Milošević en Serbie et Radovan Karadžić en Bosnie-Herzégovine (voir plus bas). Milošević est élu président de la Serbie en 1989. Il fait la promotion du nationalisme serbe au sein des autres républiques dans le but de créer une « Grande Serbie ».

En 1991, avec la chute du communisme et dans un contexte de démantèlement du bloc de l’Est, la Croatie et la Slovénie déclarent leur indépendance.

Carte de la guerre en ex-Yougoslavie. Génocide des Musulmans en Bosnie

Carte de la guerre en ex-Yougoslavie. Copyright : Paweł Goleniowski

 

Génocide des Musulmans de Bosnie

Éléments déclencheurs du génocide

En 1991, Radovan Karadžić, leader du nationalisme serbe, évoque au parlement de Bosnie-Herzégovine la disparition des Bosniaques en cas d’indépendance de la Bosnie-Herzégovine. Quelques mois plus tard, il devient le premier président de la République des Serbes de Bosnie-Herzégovine. La Bosnie accède à l’indépendance le 5 avril 1992 à la suite d’un référendum. En réaction à cette indépendance dont ils ne voulaient pas, les miliciens serbes entament le siège de Sarajevo qui fera environ 5 000 victimes civiles jusqu’à sa levée en 1995.

Les milices serbes se lancent aussi à la conquête des territoires à majorité serbe et mènent une politique de terreur visant à chasser Croates et Bosniaques. En plus des massacres, les Serbes s’en prennent à la culture bosniaque en détruisant les principales institutions et en brûlant livres, manuscrits rares et archives historiques. En plus d’une aide humanitaire, la force de maintien de la paix Forpronu doit protéger six « zones de sécurité », enclaves démilitarisées où sont réfugiées les populations bosniaques (à Sarajevo, Bihac, Zepa, Gorazde, Tuzla et Srebrenica). Mais l’ONU refuse d’intervenir militairement.

Dès août 1992, l’existence de camps de concentration dirigés par des Serbes est révélée et le monde commence à parler de génocide.

Génocide des Musulmans de Bosnie

Vedran Smailović dans la Bibliothèque Nationale de Sarajevo partiellement détruite en 1992. © Mikhail Evstafiev

Déroulement du génocide

Conquises les unes après les autres, les zones sécurisées par les Serbes sont « nettoyées ethniquement ». Le terme « nettoyage ethnique » fait référence à l’anéantissement des populations bosniaques par les milices serbes. L’objectif affirmé est de rendre le territoire « ethniquement pur ». Le viol des femmes bosniaques est l’une des tactiques de guerre de « nettoyage ».

Située dans le territoire de la République des Serbes de Bosnie, Srebrenica est une enclave bosniaque sous protection de l’ONU depuis mai 1993. Près de 400 casques bleus néerlandais sont sur place. Assiégée depuis 1992, la ville compte 44 000 habitants dont la moitié sont des réfugiés.

Le 11 juillet 1995, les troupes serbes de Bosnie, conduites par Ratko Mladić et soutenues par le gouvernement serbe de Milošević, s’emparent de la ville, ordonnent le départ des casques bleus et procèdent au nettoyage ethnique des Bosniaques. Les familles sont séparées: les hommes doivent rester alors que femmes et enfants sont expulsés et déportés en bus. Plus de 20 000 sont déplacés de force en territoire contrôlé par les Bosniaques.

Du 11 au 16 juillet 1995, 8 372 hommes et garçons restés dans l’enclave sont massacrés. Ils sont fusillés ou décapités avant d’être enterrés dans des charniers. Il s’agit des pires atrocités commises en Europe depuis la deuxième guerre mondiale.

Fin du conflit

Le conflit prend fin en 1995, après l’offensive de la Croatie et l’intervention de l’OTAN. Les Accords de Dayton sont signés le 14 décembre 1995. Ils décident du partage de la Bosnie-Herzégovine en deux entités autonomes, la Fédération de Bosnie-et-Herzégovine (croato-bosniaque) et la République serbe de Bosnie.

Environ 100 000 personnes sont mortes durant la guerre et le génocide en Bosnie. Autant de civils que de militaires perdent la vie et la majorité des victimes civiles sont des Bosniaques.   À cela s’ajoutent plus de 2 millions de personnes déplacées et réfugiées.

Génocide des Musulmans de Bosnie - Mémorial du génocide de Srebrenica

Mémorial du génocide de Srebrenica. © Mike Norton

Quête de justice

Entre 1993 et 2017, le Tribunal Pénal International pour l’Ex-Yougoslavie (TPIY) a permis de juger plusieurs responsables :

  • Radislav Krstić, l’ex-commandant des troupes serbes à Srebrenica, condamné à 11 ans de prison pour complicité dans un génocide;
  • Slobodan Milošević, ex-Président de la Serbie, décédé avant d’avoir pu être formellement accusé;
  • Radovan Karadžić, ex-président des Serbes de Bosnie, condamné à la prison à perpétuité pour génocide, crimes de guerre et crimes contre l’humanité;
  • Ratko Mladić, ex-commandant en chef de la République des Serbes de Bosnie, condamné à la prison à perpétuité pour génocide et crimes contre l’humanité.

Reconnaissance du génocide

Le 26 février 2007, la Cour Internationale de Justice (CIJ) reconnaît le massacre de Srebrenica comme un génocide. En Juin 2007, une plainte est déposée au nom des survivants et parents des victimes de Srebrenica contre les Pays-Bas et les Nations Unies pour « échec à prévenir un génocide » et « non-déclaration de crimes de guerre ». Le 27 juin 2017, la cour d’appel de La Haye reconnaît l’État néerlandais partiellement responsable du meurtre de 350 hommes et garçons lors du massacre de Srebrenica.