Cette valise en bois a une serrure dorée et une poignée en cuir. Les initiales G.B. sont peintes sur le dessus. Elle a été fabriquée entre 1940 et 1941 par Gustav Bauer, lorsqu’il était détenu dans un camp d’internement au Canada.
La fuite de la famille Bauer
Gustav Bauer, Juif allemand, est né à Hambourg en 1924. Il est en vacances au Danemark avec sa mère (Anne Bauer) et son frère (Werner Bauer) quand les Lois de Nuremberg sont adoptées, en 1935. Anne est avisée de ne pas retourner en Allemagne avec ses fils. Elle rejoint sa sœur (Sabina Wachter) en Belgique.
Le père de Gustav, Manfred Bauer, aide certaines familles juives nanties à faire sortir leur argent d’Allemagne de manière clandestine en soudoyant les capitaines et le personnel des navires. Manfred est cependant attrapé et condamné à deux ans de prison. Après deux ans d’emprisonnement, Manfred rejoint Anna et les garçons en Belgique. En 1940, Manfred et Werner doivent s’identifier devant les autorités belges et sont envoyés dans un camp au sud de la France.
La détention de Gustav Bauer dans les camps d’internement canadiens
Alors que Gustav et sa mère tentent de rejoindre Manfred et Werner en France, ils sont arrêtés et envoyés en Grande-Bretagne. Gustav est détenu en tant que « sujet d’un pays ennemi » à la prison de Pentonville, à l’hippodrome de Kempton Park, puis sur l’Île de Man, au Royaume-Uni, avant d’être envoyé au Canada le 4 juillet 1940.
Il est d’abord interné au Camp T de Trois-Rivières avant d’être transféré au Camp B au Nouveau-Brunswick, puis au Camp I à l’Île-aux-Noix, au Québec. Gustav est libéré en 1942. Sa mère le rejoint au Canada en 1947. Son père est déporté de Drancy vers Majdanek, en Pologne, en 1943. Son frère Werner survit et vient au Canada en 1948 pour le mariage de Gustav.
La Grande-Bretagne et le Canada ont détenus des prisonniers de guerre et des civils allemands durant la Seconde Guerre mondiale. Plusieurs réfugiés juifs allemands fuyant les persécutions nazies ont également été détenus en tant « qu’ennemis étrangers ».
L’épouse de Gustav, Eudice Bauer, a fait de don de cette valise au Musée de l’Holocauste Montréal en 2004. Découvrez d’autres artefacts provenant de camps d’internement au Canada en cliquant ici.
Ce projet s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre du Plan culturel numérique du Québec.